dimanche 25 juillet 2010

Lundi, 12 février 2007
VITRES
 

 
Le Corps de la Note, le Profil de sa Musique....Rien de plus qu'une autre journée de silence....Avoir entendu le Son frais que font nos bouches muettes quand elles se regardent, quand elles se fouettent... Attendre une Note, une de plus...Avoir vu le visage souriant du Sénégal à travers le regard de cette femme sans égal, une femme que je ne connaissais pas hier, mais que j'ai re-connue aujourd'hui. S'être élancées dans les bras l'une de l'autre comme s'il s'agissait de se retrouver après un million d'années...Et le sourire enfantin de la Bolivie dans ce jeune homme rempli de vie; toute la tristesse d'une mère de Jonquière qui a pris soin de son tout petit jusque dans les paroles qui nous le supplient... L'Étranger pour moi aura toujours ce goût d'épices que je ne connaissais pas, mais que je reconnaîtrais entre mille saveurs depuis les restes éblouissants de cette mi-février, restes inespérés d'une Chandeleur emmaillotée dans les vapeurs congelées de mes pensées...Pensées grises et grattées, qui m'apportent tout leur lot rosé de petits bonheurs instantanés. Maintenant, je peux aller me reposer et dormir un peu avant que La Tempête n'arrive chez moi. Demain, elle y sera et j'y serai. Je l'attends depuis tellement longtemps. Les vitres de nos fenêtres seront enneigées, le cadre débordé...(La catégorie LOISIRS aurait pu être sélectionnée).



Photo: L.Langlois



FROST FENÊTRES

Les JE de mots défaits de tes JE de maux;
démo, simples rejets de mots jumeaux.
Dedans de nos cavernes embuées...
Ouverture des fenêtres congelées.
Attendre une tempête, celle de février,
y faire aérer les restes de la pauvreté.


 
Jeudi,15 février 2007
Embrasure


Je me suis souvent demandé ce que je devrais faire du restant de ma vie et maintenant je le sais - j'essaierai d'arriver à Cuba.

Ernest Hemingway à Pauline Hemingway,
en mer, vers le 28 mars 1928,
Lettres choisies


***

La porte était grande ouverte, le ventilateur fonctionnait à plein régime, mais on pouvait encore y sentir l'odeur fétide de l'air vicié, celui qui ne se dégage jamais des grandes pourritures, celui qui s'évapore dans l'embrasure des fenêtres dormantes ...

***

Comme à tous les printemps, la Nature se préparait à refaire son entrée. Les anciens meubles bientôt se retrouveraient sur le trottoir déglacé. On aérerait la Grande Place et Bruxelles respirerait à nouveau. Bruxelles, qui comme à chaque matin voit son soleil pâle se lever de la nuit foncée. Bruxelles qui regarde à travers ses milliers de fenêtres pour y voir circuler tous ces gens qui passent et outrepassent, pour y apprivoiser un marchand de chocolat noir, puis un autre, qui vendra des roses rouges par douzaines cette semaine, des marchands de rêves réels, qui feront sûrement des affaires d'or, de très bonnes affaires avec Valentin, leur saint patron...Bruxelles avait elle aussi comme un goût de sucré dans sa petite bouche en cœur. Elle se dirigea donc vers le garde-manger, puis avala cinq cuillerées à table de ce sucre plutôt blanc; susucre qu'elle avale depuis de trop nombreuses années, ce remède qui est bon et doux, mais si âcre en même temps. Bruxelles ne l'avale pas pour rien ce sucre, c'est pour y faire remonter son taux qui souvent est trop bas. Maintenant qu'il a fait effet, elle se sent beaucoup mieux, elle recommence à respirer normalement. Elle peut retourner vaquer à son occupation principale: regarder passer le temps, imaginer que son prince charmant le lui ramène, comme un nouveau Présent.

***

Le Printemps est à sa porte, Il attend que Bruxelles la lui ouvre...Elle le fait entrer, le dévisage, l'effleure d'un simple baiser déposé sur son feuillage mouillé. L'Arbre la regarde comme une belle image qu'on ne voudrait pas froisser, puis il se reprend, la secoue fougueusement de ses grandes ramures, puis se pend à son cou pour l'en entourer de perles, un licou se forme, un licou de larmes et de perles. Même si elle semble heureuse, Bruxelles ne l'est pas plus qu'avant d'avoir reçu son Présent, mais elle savoure le Sel.

***

Les roses se sont fanées. Le feu. La poussière des restes cendrés qui les recouvrait a fini par se désintégrer. Les restes que le feu d'une fenêtre embrasée avait consumés. Bruxelles est disparue à la fin de l'été 42. Elle avait avalé un kilo de sucre juste avant d'aller s'immoler dans une rue perpendiculaire à la Calle Obispo, celle de l'Ambos Mundos, hôtel cubain renommé où y avait séjourné jadis un écrivain qu'on appelait Ernest Hemmingway, là où il y avait écrit les premiers chapitres de son " Pour qui sonne le glas ", dans cette chambre 551, qui est aujourd'hui devenue un lieu de pèlerinage.


 
UNE FOULE DEVANT MA FENÊTRE
 
 
Éveil. Un babil, un cliquetis de claviers. Un concert de mots qui commence à nouveau. Comme à chaque matin, un cancer qui s'étale, incognito, sur la peau mate des robots...Ces milliards de petits doigts qui s'affaireront à les écrire; pour qui et pour quoi ? On devine, ou on essaie. Une belle et grande communauté. Une famille qui commence à ressembler à celles d'autrefois. Celles qui n'avaient pratiquement pas besoin d'étrangers pour s'amuser, tant ses propres enfants étaient nombreux, et se suffisaient à eux-mêmes, pour partager les jeux, l'amour, le pain, le vin. Une grande tablée pour tous ses membres cloîtrés dans la même petite salle à manger. Une famille " élargie ", qu'on essaie tant bien que mal de bien nourrir, mais qui parfois fait jeûner les petits derniers, parce que l'Aînée avait oublié de les servir. Les autres, ceux du " milieu", davantage intéressés à poursuivre le Jeu, s'en foutent. La faim, la soif, on finit toujours par oublier ça. Activés qu'ils sont, en parfaits petits robots, ils vont jouer dans les Carrés de Sable E-mouvants du Virtuel, pour s'enliser encore dedans; pour ressusciter, le temps d'une petite mort, les Fleurs Nouvelles d'un prochain printemps. Mais peu importe, ce qui compte est de s'affairer. Et du matin au soir, de midi à minuit, jusqu'au prochain matin, ils taperont, à l'infini. Doigts bleuis sur le Matériel moisi. Claviers boostés de phrases dessinées en rond sur des bouts de napperons virtuels. Tandis qu'ils sculptent les pages de l'à l'envers de leur simple décor pour ce petit univers de blogueurs invétérés, ailleurs on édite des livres de papiers, des livres qui seront régurgités par la Bouche Béante de la Machine, l'Autre Machine, celle que l'on ne voit pas, celle qui a tous les droits, celle que l'on n'apprivoise pas toujours comme il se doit. Et pour ça, ils taperont, jamais ils ne cesseront. Ils formeront un cercle. Un chant naîtra de cette Figure-là...

Une autre journée qui émerge d'un ancien rêve, celui que le Veilleur a fait la Nuit Dernière, alors que sa Ronde se terminait. Aujourd'hui, il fait froid encore, et je n'ouvrirai pas d'autre fenêtre, celle-ci me suffira pour voir à travers ses travers...Fermer la session.


Le Veilleur solitaire te salue; il tamise sa lanterne noircie et tourne le faisceau vers son manuscrit. Merci pour ce beau texte. Le manuscrit de l'innée dit: il est grand temps d'aller faire le ménage dans nos cavernes, alors bienvenue à ta lanterne mon ami, toi qui restes ici même quand je te fuis... J'ai vu quelques chauves souris qui jasaient avec des araignées, elles en avaient long à se raconter...C'est toujours ainsi que les belles et grandes histoires commencent...à la lueur des Veilleurs de nos Nuits Blanches... Merci, cher É-claireur...

 
 
L’OCULUS
 
 
Des yeux aux fenêtres, des bras sans tête, des cœurs en fête, des silences de prêtre. Des restes d'anovulants, petits œufs crevés par nos bouches tues, turbans de mémoires inachevées. La Californie est à sec, ses Serpents peuvent vibrer; ils ont soif, ils ont faim, mais on ne leur donne rien. Le gel des orangers, plaie sur le désert heureux, ce sable étranger venu faire vider nos verres remplis de misère... Infiltrer la langue salée de la mer aux côtés de 7 beautés aux torses bronzés. Nous croyons à des choses vaines. Puis on nous sert un autre verre. On ne verra peut-être pas encore la lumière de l'étoile de la nuit. Les absences du Tout, celui qui n'existe pas. Ce matin, par l'Oculus, la Californie, celle où le rayon rose luit, dans le plus profond des silences de mon Ennui.

 
 
REPLY IV
 
Cruelle incognita:
 
La Chandeleur fait son entrée
Son ombre diffuse aux milles fenêtres un goût d'étrange étrangeté
Auréole du temps, berceau nocturne et incertain
Les pieds tentent de trépasser les quadrillés
Les fenêtres s'ouvrent et se ferment
Et les jalousies exhaussent
Une infinie clarté
Il suffit parfois de quelques mots
Enfilés comme de la dentelle
Aux fenêtres fermées
Et maintenant, l'hiver ce sera toujours deux février

Elquidam:

Tant de poussières et de fenêtres fracassées
Hécatombe de septembre
Combien de vies ébranlées par ces morts envolées depuis les Tours ensevelies ?
Des restes de septembre qui ce matin remontent à la surface,
des restes qui me semblent être aussi chauds que de la glace sèche,
des restes qui tremblent soudainement sous mes doigts/cravaches.
Dans la chambre noire, le Voile retient la Vision,
et l'Étoile embrasse toutes mes intuitions...
Krash.

***
 
Le froid, le grand, est arrivé. Ici, à Kébek, on réchauffe nos glaciers, mais ils ne fondent pas. Je regarde à la fenêtre, je vois son bas, il est bordé de givre. Mes trois petites boulaneiges, côte-à-côte, se prennent presque par la main; un emballage à moitié vide de comprimés pour ne pas régurgiter trône à leurs côtés. Demain le temps sera encore très froid, il voudra encore rentrer chez moi, mais je me contenterai de le regarder geler. Il y aura encore beaucoup de ce jeune bois brisé, que j'aimerai toujours faire brûler dans le fond de la gueule de mon poêle endiablé...
 
 

REPLY III
 
 
Cruelles incognita:

Reply III;
Over the day among the dawn
Le in and out the l'exhaust
Le Quidam aux milles fenêtres
Je n'ai pas de fiancé voilé
Ni de clarté pour me faire voir
L'Ailleurs in and out and toujours
Poussières d'exhaust des voitures sans conducteurs
L'ombre des murs quadrillés
Sauf une petite fenêtre - jamais la même
Jamais la mienne
Une petite fenêtre
C'est à cela que j'ai rêvé
Une petite fenêtre
Même pas pour y passer le pied


Elquidam:

À l'aube du deux février,
mille fenêtres rêvaient que la Chandeleur était pour arriver;
sa clarté installée tout près des ombres quadrillées
faillit faire passer les pieds exaucés...
 
 

LE CHANT DE L’HEURE


Pleine lune de fiel dénie folle moon
Foule-moi l'une et love-moi l'autre
Un clair de terre pour la Mère de prose
eaux gelées de roses
Mars en guerre avec février,
humble gris petit frère
Chant de l'Heure au pays des BOULANEIGEURS
Blanche terreur qui envahit le territoire de la Marge
Crises de peur dans le cœur noir
Sœur pissant 1000 mots à l'heure
pendant que 1000 fenêtres s'ouvrent
et retirent leur voile de Rancœur
Les mots morts de la Chandeleur
que D. frost le tourment de nos chaleurs
L'Archi Pelle tassera les neiges éternelles
dans le foin de tes orgies tranquilles et solennelles...
 
 
REPLY II
 
 
Elquidam:

La fenêtre pour la clarté.
Et son voile comme fiancé.
Tout près d'elle, le fan, enfermé.
Comme un quidam fraîchement ventilé,
la poussière demandée.


Cruelles incognita:

Reply toujours à un quidam
Le fan qui oxygène le Sang Chaud
Sur les poussières d'exhausted (exaucées) 3002
Reply toujours aux incendies
Reward les ères ouvertes
Record le son que ça fait
Rewrite my comments


Elquidam:

Reply
over the dust
Reply
among the frost
 
 

REPLY
 
 
Never as a question,
an answer for an answer.
And only One reply:
" Enough is enough".

***

The trouble with your machine
is that she's always
disconnected from my space.
But, maybe the best is yet to come...
Maybe we'll travel over me & THEM...
Maybe, I hope. I really hope, but...you ?
Never as a question,
an answer for an answer,
and only one reply from the Wave:
"Enough is never enough",
never enough.
 
 

UNE NOUVELLE FENÊTRE 
 
Une NOUVELLE fenêtre s'est ouverte...ailleurs. J'ai vu un escalier de fer...et des restes à venir...

Cruelles incognita:

Qui sait ou mènent les incendies ?
Suivre les horizons aux trajectoires équivoques;
Les restes et des poussières
S'épanouissent à ères ouvertes;
Des mots verticaux
Sur le quidam
Avec Ailes


Elquidam:

Dans le feu de l'action,
là où nul pompier n'intervient,
les grands brûlés, statues de flammes dénazifiées,
épanouissent leurs restes dans un paysage voilé mais dénudé.
On sait où nous mène l'Incendie, un Sang chaud dit...
 
 

À CAUSE D’UNE FENÊTRE ROSE
 
 
Plus aucun doute, on y revient, sans cesse, à cause d'une fenêtre; on ne devrait jamais les fermer tout à fait, mais le froid ravageait....Combien de temps aura-t-il fallu pour s'apercevoir que l'on était observé par tous ces quelqu'un, autres assoupis devant leurs écrans remplis de mots usagés; ces autres qui vivent ailleurs que chez soi ? Combien de temps leur reste-t-il pour découvrir les mots qui courent après ma propre perte ? L'Illumine Nation, pays virtuel de mots fabriqués pour un seul et unique jour, qui séjourne entre l'âme de l'auteur et le faible rayon rose de sa Bibliothèque Solaire, obscurcira l'odeur des bouquets fanés de fleurs offertes par des mains malpropres et indécrottables...Mains remplies de jaune, de noir, de gris, de rouge, de blanc, de violet, de vert, de bleu, de tulle, de sang et de lumières, couleurs absolues, phosphorescentes, étalées sur la Toile de cette araignée géante qui ne cesse d'agrandir mon Tourment; incandescences qui ne cessent de luire depuis les Tablettes du Haut, celles où l'on demande à la poussière d'y recomposer pour un soir sans fin, depuis un seul grain, les restes d'un Univers antique...Les mots mystérieux, les mots sans façon, les mots libres et généreux, les mots sans véritable raison, que celle de la contrefaire avec passion. Pour l'Inconnu (e), les mots doux/cruels, toujours et encore bienvenus...
 
 
Vendredi, 16 février 2007
ENRACINER PHÈDRE
 
 
Après l'une des plus belles bordées de neige qu’ai reçue la ville de Québec cet hiver, PHÈDRE, au Théâtre de la... Bordée avec Alain, Régis et Claude, mes trois compagnons de voyage théâtral pour cette soirée " rustique ". Deux d'entre eux sont déneigeurs, alors Alain, le plus vieux des deux, en a donc perdu quelques lignes en cours de route, son sommeil enneigé le bordant d'un beau rêve blanc de temps en temps...;-)

Ce texte de Jean Racine, volubile certes, mais si parfaitement joué avec toute la passion et la sensibilité requises par des comédiens pm ne peut plus habités, tous unis sous le souffle du tragique, aura suscité en moi, spectatrice attentionnée que j'étais hier soir, le désir d'assister un peu plus souvent à ces pièces intemporelles. PHÈDRE, de Jean Racine: une beauté intemporelle de facture classique.

La lucidité de la description du sentiment amoureux, là où l'amour est le mieux analysé, (je reprends ici quelques mots d'une entrevue qu'a accordée Lorraine Côté à Jean St-Hilaire, du Journal Le Soleil, le 20 janvier 2007) Lorraine Côté qui, sans contredit, nous emporte tout droit dans sa tombe avec le poison mortel qu'est l'amour interdit...Claude, qui n'est pas spécialement amateur de ce genre de théâtre a eu le commentaire suivant: " 1 heure 40, c'est trop long, moi je t'aurais arrangé ça pour ½ heure / ¾ d'heures, pis on aurait compris la même affaire. " R.gis, lui qui adore Racine et le théâtre classique, pour en avoir fait un peu alors qu'il était étudiant, est alors intervenu: " Mais quand même, c'est du texte ! " Personne ne l'a contredit...sur ce point...Nous avons ensuite quitté la Bordée pour l'autre bordée, la Ville ayant revêtu son beau manteau blanc glacé, et moi le mien, de vison lustré...Brrrr...il faisait chaud, même à - 20 degrés ...
 
 
Samedi,17 février 2007
BESSON À MA FENÊTRE
 
 
Philippe Besson: "...la lettre est un dévoilement de soi par excellence. On y écrit des choses qu'on ne dirait probablement jamais de vive voix, qu'on n'avouerait pas en face de quelqu'un."

***
 
Rien ne se passe et pourtant tout y est...Rien n'arrive et pourtant tout s'en va. Rien, c'est ce qu'on aura retenu de vous. Et peut-être les blancs de vos mémoires...Les exils sont illusoires, dit-elle.
 
Ces personnages qui nous écrivent ne sont nul autre que vous deux. Comme des doubles qui surgissent dans la nuit des jours...Complices. Des fantômes qui partout se glissent sous vos peaux de porcs bleuies. Des feuilles de papier-cul qui soudainement atterrissent au beau milieu de vos esprits mal entrepris dans le cadre de vos fenêtres endormies...Des feuilles de papier russe qui se noircissent de mots fée réglisse. Des mots sans façon, des mots mailloux qui sentent un peu la pisse. Et puis, plus rien. Que le long silence des grands vacuum...La femme-tome alors s'éclipse, ses mots sombrent dans vos abysses. Elle essayait pourtant d'en retenir l'essentiel, mais l'Homme est si volatile..L'odeur du café éveille à nouveau le sang de ses plumes qui resurgissent tôt. Aujourd'hui, il y aura un peu de ce soleil fraternel, fidèle restant du Maléfice Originel...
 
 
Dimanche, 18 février 2007
LA FENÊTRE ÉTROITE ET EMBUÉE
 
Dormir sans dormir
se réveiller, puis gémir.
Terminer le 7ème jour...
100 raisons pour l'Amour.
C. reboisait la Nuit de son propre noir,
P. déboisait les mots de son désespoir.
Pour les frères que vous êtes,
amis qui buvez sans fumée
les paroles de femmes muettes:
une mère sœur sans vaguelettes,
qui pour vous ce soir navigue seule,
ramant durement sur sa petite goélette.
Restez les mêmes, Ô voleurs de Temps,
pour entendre respirer l’âpre Chandeleur.
Libérez-vous de vos gênes, garnements,
et réapprenez-moi à réciter des poèmes
qui seraient encore remplis de vos je t'aime.
(Restants pour trois Valentin...)
 
 
Lundi, 19 février 2007
TO THE DRAKE
 
And what will happen in the morning when the world it gets so crowded that you can’t look out the window in the morning?

Nick Drake

***

Rectifier le tir, sentir que l'Heure H approche. Écrire du bout usé de nos doigts mal léchés, ne pas faire trop de bruit quand viendra le temps d'assourdir celui que fera le Porc Frais dans le coin reculé de son sous-sol trop humide...S'attacher aux nœuds coulants de ses propres liens, se faire cravacher le cerveau par les mots, hi-hanner ceux qui sont sans dos... S'essayer à nouveau pour se remettre soi-même à zéro. Relever le défi impondérable...de pondre du neuf...Supposer que les petits pourceaux aient encore faim parce qu'on ne les nourrit plus que de vers avariés ou de pétales de roses séchées. Être tout prêt d'admettre qu'ils ont eu tort de nous en vouloir parce qu'on avait mis le feu à leurs tripes puissantes, parce qu'on avait voulu éteindre de nos propres lance-flammes leurs petites langues fourchues en feu, parce qu'on les avait fait s'abreuver trop souvent de nos vins rouges de dépanneurs, de vos portos cheap de Jongleurs, de leurs petites bières en fuite devant un certain petit bonheur, et des canulars " à l'orange " de l'heure "....Tout ça à cause de l'une et de l'autre, à cause de la mienne et de la vôtre, grandes soifs inextinguibles de l'âpre Chandeleur...

Qui a eu tort et qui aura raison ? Il n'y aura aucune réponse pour ce genre de question, il suffira simplement d'arrêter de se regarder sécher le nombril, et de se remettre à taper 24 heures sur 24, comme un condamné, sur le Clavier débauché par nos petits doigts usés de mal léchés, pour constater jusqu'à quel point, comme une force née, que l'heure H était enfin arrivée pour se glisser entre le A et le B...


Harvest Breed
Nick Drake


Falling fast and falling free
You look to find a friend
Falling fast and falling free
This could just be the end

Falling fast you stoop to touch
And kiss the flowers that bend
And you’re ready now
For the harvest breed
 


Mardi, 20 février 2007
THE CURTAIN IS CLOSED NOW
 
 
Thanks to you, Youngwriter.
Sorry, that's all...for tonight.
A long time ago, I saw a man behind the Curtain;
but his eyes were too far away from my Window...

The Paper Shop is closed now, and so, my heart of gold...I have to go in the bedroom; I have to dream of him, alone. Thanks to you, Youngwriter. Sorry, that's all...for tonight.

 
 
Mercredi, 21 février 2007
BLEED THE BLOG

 
J’aime être la bonne personne au mauvais endroit
et la mauvaise personne au bon endroit.

Andy Warhol
Ma philosophie de A à B et vice versa

I'm writing a word, or two, to the Man who sold my world....I'm trying to find something true on these good/bad blogs, and I can't find something very new; I have to go outside. It's not really honest to read all that circus of patchy words. I will put on my black eyes a scarf made of green irish wool. And I'll beat the back of a man who's sitting around my zoo. Nothing is better than a word, nothing is better than a sword...CUT & Bleed the BLOB. CURL & Blog the BEAT. GO OUTSIDE and SEE....Bleach and DRY the ME...
 
 
Jeudi, 22 février 2007
DES ŒUFS FREE


Des œufs qui flottent dans un seau...Des regards qui croisent les nôtres...Des amis qu'on avait pas avant-hier. Des mots qu'on ne savait pas encore écrire. Des yeux qui flottaient autour de nos cous...Des couleurs qui déteindront sur l'Aurore...Des envies de se taire, la peur du fou rire. Des odeurs de serre déviées dans la Mer. Un geste à ne pas faire: lent, leste, mou...Un ange qu'on aime depuis la fin de l'hiver...Un convoi de rayons roses, blancs et verts. Des fenêtres réchauffées par le prochain concert...inspiré par les fous rires d'une petite foule, par les mots de consignes de Mariama de cet p.m. ;-)
 
 
Vendredi, 23 février 2007
DOUBLES FENÊTRES
 
Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

Shan Sha
jeune auteure chinoise de 35 ans


Quelque chose en vous m'envoûte.
Quelque chose en vous ment...
Voulez-vous ?
Hier, les fous rires.
Aujourd'hui, les pleurs...
Le groupe était en OSMOSE.
Et demain, peut-être,
des roses blanches
gelées
aux fenêtres habitées
par des petits fantômes
agités...
 
 
Dimanche, 25 février 2007
DRY BONES


Tout est beau, parfait, sombre.
Tout est Maupassant, tout est Poe.

Patrick Brisebois
Chant pour enfants morts








There is someone who's living in my little head. His/her eyes are like a rainbow made of pinks. He/She is reading Poe, PKD, poetry maybe, and...me. I can't touch him/her/them with my invisible hands, but I can imagine their cold fingers grip an Old Book. They asked me why I'm not here with them ? Why I'm not writing some comments ? I said them that I'm here, but it's not my fault if they can't see me. I'm always here with them, I'm always behind their too young shoulders...

***

There is Someone who is dying in my bed this morning. He/Her was sleeping among my too heavy pack of reality. Dreaming of his/her new world, rising inside the Outsider, that one's who's living into the Frame, since the Beginning...

***

We will apologise for the rest of the Best, our mistakes. We will drink at, and maybe we'll be sick and put a flat. But we will recognize us, and won't have a heart aches. This morning, someone knocked at my door, She/he amazed me, because he/she wasn't alone. They came up just to give me a smile, but, he/she returned by the Floor with a part of my dry bones.

N.B. Probablement la plus belle photo de Patrick Brisebois.

 
 
Mardi, 27 février 2007
BIRTH-DAY

To my son Jeffrey

He's dreaming alone of a universe full of magnets.
He's learning at home all of their physical secrets.
He's my son, and he's also one of my best friends.
He's my son, and he will stay in me until the ends...

I love him so, I need him too, now he's sleeping...
I love him so, I need him too, now I'm leaving....

His mother, Louise

 

Mercredi, 28 février 2007
LA BEAUTÉ 
 
La Beauté dort à mes côtés, Elle respire à peine. C'est le Calme avant la Tempête. Même si le vent souffle fort cette nuit, les vitres de mes fenêtres ne se briseront pas. Les vitres resteront solidement accrochées à leur cadre....de référence...La Beauté me regarde droit dans les yeux, Elle m'aveugle le Cœur et me donne de sa chaleur. Elle s'endort en me fuyant par le dedans de son propre rêve, au-delà même de ses nuages roses. Demain je la retrouverai, haletante et affamée. Et comme chaque matin est maintenant le 2 février: caresser sa fourrure, sentir son haleine et puis l'embrasser...



Ma Beauté



Vendredi 2 mars 2007
ENCABANÉS
 
 
En ce moment, à Kébek, c'est La Tempête qui bat son plein. Les Vitres de l'automobile de Mariama étaient toutes givrées. La visibilité était presque nulle sur le chemin du retour. Mon école avait décidé de fermer ses portes pour le reste de la journée. Maintenant, j'ai bien peur que mon voyage à Charlevoix pour ce week-end ne soit complètement annulé. Ce n'est pas si grave que ça cher M. Brisebois, ce ne sera que partie remise......

Le temps est calme à l'Intérieur. Je ne sais pas si l'on peut appeler ça de l'osmose ou de la symbiose, peu importe, il fait très beau et chaud en dedans des cœurs. Les sourires sur nos visages ne se décrochent plus. Les peurs s'estompent peu à peu. La confiance se fait un nid dans le creux de nos intelligences. Les vents de la crainte se calment: je suis en relâche scolaire jusqu'au 13 mars. La vie est parfois surprenante et la neige si blanche. Le temps s'arrête le temps qu'il en fabriquera. Le temps s'en ira le temps d'avoir été LÀ. Dans ma boîte aux lettres enneigée, il y avait les six billets de théâtre pour la pièce FORÊTS de Wadji Mouawad. François viendra la voir avec moi et avec 4 autres de mes amis. Nous irons à la représentation du JEUDI soir 8 mars...La pièce durera quatre heures, rien ne sera peut-être plus jamais comme avant. C'est ce que je souhaite...


Dimanche, 4 mars 2007
LA VITRE D’AIR


Le lendemain de la Tempête, tout était tellement clair: nous devions partir…

La route était sèche de Québec à Sainte-Agnès. Le soleil luisait dans le bleu de Charlevoix, un disque d'or tournait sur la table tournante de nos rêves de bleu; on en aurait acheté 100,000 copies pour le restant de nos vies...

Un premier arrêt à la SAQ de Baie St-Paul (B5P) pour faire provisions d'élixirs puis à la laiterie de Charlevoix pour des pâtes fermes et molles, dont les fameux Migneron, Riopel et Kénogami...Sitôt arrivés à l'Auberge-Boulangerie des Grands Jardins, les salutations de convenances faites à nos hôtes, et la prise de possession de la Chambre Cerise, nous chaussions nos bottes de raquettes pour un bon 5 kilomètres à travers les bois enneigés de Sainte-Agnès. Éparpillés ainsi pour une couple d'heures à respirer de l'air pur, nous tombions en pâmoison devant la carte du ciel de Charlevoix: une vraie carte postale...Toute cette neige fraîchement tombée de la veille: une réelle féerie...Tout le monde s'est soudainement transformés en elfes...et en fées...




Des rires, des jeux, de la fatigue (de la bonne), du feu, de l'Amitié, des gens heureux...Du pineau, du vin, du porto, de la bière, et du Perrier pour certains. Un souper de gang, où jeunes et moins jeunes s'en sont donnés à cœur joie. Plus tard vers minuit: le spa sous les étoiles...avec la pleine lune voilée de brume...Toute la beauté de la pureté encastrée dans la Vitre d'Air....S'être roulés dans la neige bleutée le temps d'une frisson puis d'une brûlure...103 degrés....Avoir craqué pour la clémence de ce merveilleux début de mars...Rentrer, mais avoir eu le goût de marcher en robe de chambre dans le rang éclairé par l'astre plein, rentrer, pour placoter avec les amis. Avoir un dernier fou rire avec Mélissa, ma " fille ", dans la Chambre Cerise... et puis la Nuit, noire, pour encore rêver un peu à toi et à Charlevoix....

Soudainement l’éveil, et les rires, encore eux, toujours eux, leur énergie si contagieuse...Puis les odeurs mélangées du bon café, des muffins, des croissants, des fruits, du lait et de l'affection, celle que chacun d'entre nous éprouve l'UN pour l'AUTRE, celle qui nous rattache aux valeurs du partage, de l'amitié et du renouveau....Rien de plus émouvant que de les avoir ressenti tous en même temps...

Juste avant de repartir pour Québec, un petit détour à la Malbaie pour une courte visite aux Sources Joyeuses. C'était l'heure de la glisse...mais pas pour la Fée...Puis le partage d'une dernière Cène: les fromages, le pain, le vin, la soupe indienne, le reste de spaghetti, le taboulé, les sucreries, mais surtout le goût d'être encore ensemble pour quelques jours avec France et Yves, nos généreux et si aimables hôtes, Alain, le DG, Louise, la DG en devoir, et Claude, le Chef exécutif; Edith et Marcel; Nicole; Constance et Gérald, nos 2 compostelleux; Pierre, Linda, Mélissa, Michel, Steve et Sandra...ma prof de raquettes..Il ne manquait que Régis, notre Petit Roi enraciné...

Tout était clair et chaleureux; de la lumière, de la blancheur et du vert...Et n'eut été de cette visite tant souhaitée mais mal coordonnée au sieur de B5P, tout aurait été parfait, enfin presque...mais ce ne sera que partie remise, je l'espère.

Sur le chemin du retour: Alain, qui dormait comme un bébé à l'arrière de la Civic de Claude...et moi avec ce dernier qui admirions le pays sage...Le Temps pouvait alors s'arrêter ici...et là...

Merci à mes amis de m'avoir permis une autre fois de jouir de leur énergisante et si agréable compagnie, ils ne le savent peut-être pas assez, mais je les aime vraiment, réellement et....tellement....

La Fée Blackstick



Lundi, 5 mars 2007
FENÊTRES À L’ITALIENNE

 
Fenêtre à l'italienne: Un vantail " horizontal " s'ouvrant par projection vers l'extérieur du local. Les axes d'articulation, à la partie supérieure du châssis, coulissent dans les montants de dormant.

+++

La neige tombe doucement. Le décor ne change pas. Les fenêtres sont encore closes. Diane Dufresne défonce mes speakers. Il y a une rose rouge séchée qui dort dans mon tiroir, avec des cartes de vœux...pieux...J'ouvre ici une autre de mes fenêtres, celle-là est italienne...

Elle que j'aime depuis ma prime adolescence, Elle qui me chantait des choses que je ne comprenais pas toujours, Elle qui encore aujourd'hui me brode tous les frissons de mes névroses, j'irai enfin la VOIR chanter, j'irai enfin écouter tout ce qu'elle a à me dire...depuis tout ce temps-là....J'apprécierais bien qu'elle fasse Cendrillon au coton. Accompagnée par l'unique Louis Lortie au piano, cette pièce mélancolique de la Divine est assurément l'une de mes " favorites "...à cause des...roses....;-)

***

Aujourd'hui, au retour de ce trop court séjour passé dans le Bleu-Blanc-Vert de Charlevoix, mes pensées vont vers tous ceux qui se sont éveillés ce matin sans la couleur magique de cette Lumière unique, mais je pense aussi à celui qui l'habite en permanence...et qui la compose.

***

À toi Alain, qui mue et remue mes émotions,
et qui sera avec moi et la Diva le 17 mars prochain.
et à toi Patrick, qui sue sang et eau (et vin),
et qui sera peut-être avec moi au Salon,
vers la mi-avril...

Depuis Sans la lumière du jour j'ai froid jusqu'à toujours,
je sais qu'il reviendra un jour, ou une nuit, le rayon de cet amour...



Mardi, 6 mars 2007
SOUS LA FENÊTRE DE L’ENVELOPPE

 
Sous la fenêtre de l'enveloppe:
un prénom avec un nom propre;
on lâche prise.

Sous la fenêtre de l'enveloppe:
quelques chiffres et quelques notes;
c'est le sunday sur la cerise.

Sous la fenêtre de l'enveloppe:
la misère décachetée, cette salope;
l'amphétamine qui se déguise.

Sous la fenêtre de l'enveloppe:
le sang qui bout et qui varlope;
tout le reste qui mène à sa guise.

Sous la fenêtre de l'enveloppe:
des ongles rouges qui rabotent;
les mots moïse, les mots qui flottent.

Sous la fenêtre de l'enveloppe:
des yeux qui lisent,
des yeux qui notent;
l'offrant désir d'une marquise.

Sous la fenêtre de l'enveloppe:
des doigts qui gisent,
des reins qui bloquent;
c'est la faim,
et c'est la Crise.



Mercredi, 7 mars 2007
BEHIND THE CURTAIN OF THE TOWN
 
 
To Simon


Behind the Curtain of the Town, there's a Forrest full of Young Rabbits. Their furs have the mushroom colour, their ears are so sensitives, their hearts too. They are so cute, but they are blind. Last fall, my older son found one of them in this magic Forrest. Like I gave him when he was a baby, he also gave to this little rabbit all that he can give: heat, food, love and attention...

This morning, like every morning, after my first carress on his fur, I gave him his piece of carrot. I looked at him in this little cage, it seemed to me that he was so lonely like a young prisonner. And I thought: " What could I do for him to set him free from his new prison ? "...

So, I opened the cover, and I let him go everywhere...I let him go everywhere, but into MY house. I let him run into the Living Room, he seemed so free, so lively. I played with him. Sometimes, I take him in my arms, and I show him the Snow, the Sun, the Clouds, the Sky and the Trees: but I don't think that he's so happy to see all of this beauty, because he's now living into HIS house...

After, when he returns into it, it seems to me that he's really happy. But I don't know why, I really don't know...Maybe because he's blind...I don't know, I really don't know. I named him Beauté, he's so...beautiful.

***

I have a friend who's living far from here. I never saw his face, maybe because I'm blind...But I saw his heart, he's always travelling across that Magic Forrest full of Young Rabbits. He will live forever among them...and my imagination...

PS: ( because we must have one):
Thank you for all your magic words, sometimes, it's a real medicine for me...

L.


Simon a dit:
Many thanks, Ye Fairy of the Blackstick, and long life to you and your Hairy Hare.
 
The Swamp’s Song a dit:
Thanxxx and long life for U-2...




Mercredi, 7 mars 2007
HÔTEL OTHELLO


J’aimerais mieux être un crapaud et vivre des vapeurs d’un cachot que de laisser un coin de l’être que j’aime à l’usage d’autrui !

William Shakespeare
OTHELLO

***


Demain ...FORÊTS... mais avant,
le GUET....

Hier, j'ai ramassé une cenne de locataire.
Ce soir, au téléphone, j'ai conversé avec F.
C'était ça, la luck à terre. L’Hôtel Othello.

Notre monde est bâti tel un hôtel vide.
Il y a tellement de fenêtres, mais aucune n'offre
le paysage que je vois en toi quand je te parle de moi.

Demain nous irons visiter l'un d'eux,
l'un de ceux qu'on ne reverra pas de sitôt.

Mais avant il faudra que je refasse mes devoirs,
que je délace mes chaussures,
que je déglace nos murmures,
que je t'embrasse
dans l'embrasure...

Demain ....FORÊTS....
mais avant,
Le GUET.



Jeudi, 8 mars 2007
LES PROFESSEURS BLOGOSSE



LES BLOGUEURS: DES ESSEULÉS QUI NE CHANGERONT PAS LE MONDE.

Michael Keren


***

Les blogueurs vivent dans un monde où les émotions sont bien réelles mais où tout le reste n'est qu'illusion. Les blogues --- en quelque sorte des journaux intimes électroniques --- sont omniprésents sur Internet depuis quelques mois. Ils sont souvent un exutoire de choix pour les gens qui veulent exprimer leur haine pour leur emploi, pour des militants qui luttent pour des causes politiques ou pour des adolescents qui attendent impatiemment leur premier amour.

Michael Keren, auteur du livre Blogosphere: The New Political Arena (La Blogosphère. nouvelle arène politique) fait valoir que les individus qui mettent leur âme à nu sur les blogues sont isolés, vivant dans une réalité virtuelle à défaut de former et d'entretenir de vraies relations ou de changer le monde.

" Les blogueurs se voient comme des rebelles qui affrontent une société conventionnelle, mais cette rébellion est surtout confinée au cyberspace, ce qui fait des blogueurs des êtres aussi mélancoliques et illusoires que Don Quichotte luttant contre des moulins ".

***

Est-ce suffisant pour que je me fasse, refasse ou défasse l'opinion de ce qu'on appelle la Blogosphère ? À l'heure actuelle, dans le format existant et déformant de notre réalité dite virtuelle, je demeure perplexe et à nouveau peu convaincue sur ce que M. Keren a avancé au sujet des blogueurs. Les blogues sont devenus une " addiction " pour certains, mais aussi une délivrance pour d'autres, ceux-là qui ont su maîtriser leurs émotions justement.

Je ne connais pas suffisamment le milieu universitaire pour analyser le phénomène des blogues, mais je peux tout de même exprimer mes doutes quant à la nécessité de tenir un journal intime aux vu et au su de cette si petite planète. Voilà, je tenais à m'exprimer sur la nécessité d'écrire quelque chose sur ce phénomène. Pour ce qui est de l'isolement, qui ne l'est pas ? Dites-le moi.

J'aimerais bien en écrire plus long sur ces esseulé (e)s qui ne changent pas le monde, mais qui me dira à moi, petit blogueur, ce qui s'écrit ailleurs en ce moment même ? Tous ces messages cryptés qui nous annonceront un de ces quatre que la fin de notre temps est arrivée ? Tous ces messages qu'on ne saisit pas toujours au VOL, et qui cependant ont la tâche parfois ingrate de nous faire de l'effet. Toutes ces courtes ou trop longues phrases, accolées les unes aux autres, dans leur amas de peine, de joie, de terreur, de souffrance et de petits bonheurs, réservoirs de vos émotions, comment ne plus les lire, comme ne plus les voir, comment ne plus les entendre ? Je sais que vos réservoirs sont encore à moitié pleins de ce carburant qui fait avancer vos doigts chauds sur les claviers de l'enfer des mots...

Voilà où nous en sommes. Certes, pour toutes ces raisons, vous avez en partie raison, cher M. Keren, mais pour ce qui est du reste, vous faites fausse route sur l'autoroute de MES illusions.

Je dérape bien sûr et je me perfore le cœur en cognant à vos portes closes, en me frappant la tête contre vos murs de roses. Mais j'aime vous supporter jusque dans vos rêves les plus fous, et j'aime me coller le nez à la vitre de VOS fenêtres pour y lire toutes sortes d'émotions, celles qui traversent votre temps et le mien, du travers et du dedans. Vos vives émotions, celles qui me donnent souvent envie de tirer le rideau pour de bon, mais parce que le velours qui les recouvre est si doux et si rare, je ne le ferai pas, parce QUE...

elquidam
le 7 mars 2007



Vendredi, 9 mars 2007
L’ŒIL-DE-BOEUF 
 
La douleur passe, la beauté reste.

Pierre-Auguste Renoir

***

Rien dans ma vie me lie à toi,
mais je fais la promesse que
s'il t'arrive quelque chose,
je serai lié à toi.


C'est l'amitié qui nous sauve des liens du sang.

Wajdi Mouawad

***

Luce, la grand-mère de Loup, sur le manque d’amour :


" Quand tu as un grand trou dans le cœur, rien ne peut suffire; c’est comme un panier pas de fond, des choses entrent et passent; même l’amour passe tout droit et ne suffit pas; alors pour remplir tu bois. L’alcool, c’est comme avoir un amoureux un peu encombrant, mais que tu ne peux pas chasser parce qu’il te baise comme un dieu, tu comprends ? (…) "


***

Pour toi, mon cher Éric...


Ce n'est pas le fait d'être entrée presque en retard pour la pièce qui me fait écrire ces mots-là aujourd'hui, non, c'est plutôt à cause de nos retards, ceux qui nous font épancher les plus beaux restes de dialogues entre l'homme et la bête, sa bête qui vit dans le plein du milieu mou d'une Forêt dense, remplie de chagrins, d'abandons, de solitudes, de pluie, d'inceste, d'espérance, de mots cachetés, de mots d'amitié. Rien ne laissait présager toutes ces horreurs auxquelles NOTRE monde avait assisté, il y a de cela plusieurs années...

***

1872, au cœur de la forêt, le père, la mère, les enfants, un zoo la nuit, des animaux...L'intensité de la densité. L’étranger, venu parmi nous, pour écrire une histoire, la sienne, celle d'une forêt qui s'était mise à lui parler. Nous l'avons écouté puisqu'elle avait tant à nous dire...

Le lieu, l'espace, le temps, les gens, l'abandon. L'abandon des mères, le don de l'amer...De l'Alsace au fleuve, en passant par les guerres, des personnages arrivèrent. Leurs noms, des dates à retenir, celles qui les marquèrent, et puis leurs dos....Leurs dos tatoués le temps d'un mystère, celui d'un homme et de sa misère.

Avoir grandi parmi ces gens, cette forêt, ce fleuve, ces racines, les avoir toucher du revers de nos âmes qui ont mal aux dents...La bouche de Luce, les seins d'Aimée, le ventre de Loup, criant leur faim pour LEUR place dans le monde.

Le frisson des peaux lorsque la pluie tombe sur nos cœurs...Le réseau Cigogne, emblème de cette Alsace que j'ai un jour côtoyée le long de ses vignobles enchantés....Le rappel de l'horreur, les fusillades au coin d'une rue de Honfleur, un hôtel, 1944, des plages, du sang, beaucoup de sang, un silence venu du plus profond des drames...14-18, Verdun, les massacres, les cimetières, les milliers de croix blanches, l'Ossuaire, et la peur que cela un jour ne recommence...La faim de Loup, pour ne jamais oublier d'où elle vient....


Cimetière d'Omaha Bach, 
Normandie
Photo: L.Langlois



Par la plume de Wadji Mouawad, l'encre de nos souvenirs, éparpillée pour nous les décrire...Un grand texte émouvant, pour se rappeler les événements du passé, des mots intelligents pour les offrir au présent, le nôtre, celui des autres, des mots encourageants pour y défier le futur du temps...Toutes ces secondes passées ensemble, assis confortablement sur des fauteuils fenêtres, dans des salles obscures à moitié pleines, ou remplies à craquer, comme ce fut le cas hier soir, seul et/ou avec d'autres, autour d'une grande table qui rassemble quelques beaux esprits avant le 6 décembre 1989.

Un plongeon émouvant dans le fond de NOTRE océan, fleuve remontant dans les yeux de chacun qui le regarde pleurer parce qu'ils n'ont plus rien à dire et à verser... Tout le chagrin du monde qui s'en écoule, l'écrire à tous les matins à celui qui nous le refoule...Écrire au-delà du drame; le ligoter, le fusiller, l'éclater, et puis l'enterrer... mais après... le déterrer, pour le retrouver tel qu'il était au commencement, pour enfin l'entreposer dans la voûte de nos résistances...

Les murs murailles qui tombent les uns après les autres, les murs de tourments que l'Homme nous a bâtis, les murs sourds de ceux et celles qui nous fabriquent des bombes, des tours et des hécatombes...L'Homme passe le sang à travers le tamis des sentiments, il ne reste plus que les caillots à manger....Toutes ces morts, tous ces mots, tous ces visages qui ne sont pas venus au monde pour rien, nous ne les avons pas toujours tenus entre nos bras, nous, les mères qui les avons tant aimés, abandonnés mais jamais oubliés...Ces petits visages fripés que nous avons enveloppés dans les limbes mouillées de nos éternités, nous ne les avons jamais abandonnés, non, car nous les avons vu naître, jouir, et même mourir. Ils voulurent être libérés de nos ventres mous, mais nous n'avons pas su comment les en réchapper. Alors ils sont restés plantés en nous, comme ce petit morceau d'os dans le fond martelé de nos cerveaux musclés. Pour ne pas les oublier, pour ne pas les quitter, pour ne pas avoir à les abandonner à quelque racine au vent...

Merci à l'auteur et à ses acteurs...Les heures passées ensemble dans leurs FORÊTS, un moment inestimable, un moment parfaitement inoubliable....

***

Il y a de ces dialogues qui nous renforcent, qui nous élèvent, qui nous bâtissent au lieu de nous démolir, qui nous offrent du réconfort et du confort (moins l'indifférence), comme celui que François et moi avons eu hier avec toi, mon cher Éric, juste avant que l'on assiste à cette œuvre mémorable de Wadji Mouawad....On sait maintenant qu'il n'y a pas qu'au théâtre et dans les livres qu'on peut les retrouver, mais ailleurs, au hasard de nos rencontres, au coin d'un arrêt de bus, au milieu d'une forêt urbaine, dans une cathédrale d'Alsace, au cœur d'une tornade tropicale, dans le sourire blanc du Sénégal, à la porte d'un vieil appartement, ou chez un Libraire, juste avant...

Merci pour toute cette enrichissante conversation...



JE NE T'ABANDONNERAI JAMAIS

***

FIN de FENÊTRES OUVERTES UN
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